Les moulins d’autrefois

Texte de Jacques DULPHY.

Il n’y a plus de moulins dans la commune, mais d’après d’anciennes cartes et d’après les lieudits, j’ai retrouvé l’emplacement de quelques uns ayant existé sans le temps.

Près de la route de Tully, il y avait deux moulins, à l’intersection avec la voyette « Ponthoise« , au lieu dit « Au moulin de Martaigneville » et l’un deux se nommait le moulin Pruvot.

Près de la route de Friaucourt, au lieu dit « Le moulin à huile », il en existait un qui arrosait surtout du colza et des œllettes.

Au chemin des moulins (en prolongement actuel de la rue du moulin Nanette) qui conduit à Friville , existait encore deux moulins il y a à peine 150 ans; le moulin « La Roque » et le moulin « Nanette« .

Entre la rue Guillemette et la route de Vaudricourt, au lieudit « Au moulin brûlé », il devait se trouver sans doute un moulin qui a été détruit par un incendie.

Près de la route de Vaudricourt, un moulin à queue (un grand gouvernail faisait tourner la tête et ainsi plaçait les ailes dans la direction du vent) qui doit avoir été démonté pour être rebâti dans les environs.


La documentation qui suit est de Madame Barbara Lebrun, de BOURSEVILLE, et transmise par Madame Marie-Claude Lecul, d’Epinal.

Baux relevés aux AD Amiens par Madame Barbara LEBRUN de Bourseville – Cercle généalogique de Picardie.

I – LOCALISATION :

Au XVIIe siècle, la seigneurie de Bourseville consistait en plusieurs fiefs. On relève : un moulin à vent, censives de toute espèce, champart, 50 maisons environ, quelques manoirs et 416 journaux de terre, tant en fief qu’en roture ou mouvance. (sources : E.PRAROND).

En 1604 Pierre et Jean LOMBARD sont meuniers de Bourseville. Pierre se porte caution pour son frère Jean, lors de la signature du bail du moulin de Poutraincourt. (Sources : Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, Volume 44)

Au XIXe siècle.
Le plan cadastral de 1825 dénombre 4 moulins :

  • deux moulins à proximité de Martaigneville,
  • deux moulins, « rue du Moulin », à la limite communale Tully-Friville :
  1. un moulin à huile ou moulin tordoir qui servait à presser les noix, l’oeillette, le colza, la navette, la faîne…..
  2. un moulin à blé.

Le « moulin Nannette » propriété de Manassès MABILLE en 1872 a donné son nom à l’actuelle rue du moulin Nanette.

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Sources :
http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011261412569G8aOOt/1/1

 D’autre part, du fait de sa proximité, il n’est pas impossible que certains habitants de Bourseville se soient rendu dans l’un des moulins de Brutelle, c’est à dire celui situé en limite communale Bourseville-Brutelle.

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En effet, le nombre très important de moulins dans la région avait pour conséquence une âpre concurrence entre les meuniers. Un jugement de Conseil d’Etat du 24/12/1747 fait « défense à tous les meuniers de chasser les uns sur les autres ». Ce document apporte la preuve que la concurrence est vive et ardente.

En 1898, le moulin à blé de Bourseville a été démonté et remonté à Woignarue. Il s’agissait d’un moulin « sur pioche » de même forme que celui de St Maxent, mais plus grand car possédant deux paires de meules : La plus grande servant à moudre le blé (farine de blé = mannée) ; la seconde écrasant les autres céréales destinées à la nourriture des bestiaux (mouture pour bestiaux = brélées).
Remarque : le moulin de St Maxent, ne possède qu’une paire de meules.

Ce moulin de Bourseville a été remonté à l’ouest de Woignarue, non loin du cimetière, au lieu dit « les cavaillettes ». Il n’a tourné à Woignarue qu’une dizaine d’année puisque fracassé, suite à une tempête, aux environs de 1908.

Sources : Amédée de Francqueville – Les vieux moulins de picardie.

II – BAUX.

Généralement les moulins sont donnés en baux pour une durée de 3, 6 ou 9 ans.

Baux relevés pour le moulin de Bourseville :

  • 4 novembre 1755 :
    De FRUITIER Pierre au nom de Monsieur le Marquis d’Estrade signe bail chez Me LECLERQ, à Charles FLAMENT demeurant au dit lieu de Bourseville, pour le moulin à vent et une maison à Bourseville. Durée : 9 ans. 360 livres.
  •  17 ventose an 5 :
    Monsieur De BISSON DE LA ROCQUE Claude François Joseph propriétaire demeurant à Bourseville et Marie Anne LEDOUX sa femme, signent bail à François MABILLE meunier et Anne BEAUVISAGE sa femme, pour le moulin à vent de Bourseville et ses dépendances. Durée 9 ans à commencer le 25 mars 1797. Notaire PIEFFORT. 600 livres par an.
    Une rétrocession est faite à son fils enregistrée le 25 floréal an 12.
Sources : Baux relevés aux AD Amiens par Madame Barbara LEBRUN de Bourseville – Cercle généalogique de Picardie.

III- MEUNIERS et MEUNIERES de BOURSEVILLE.

(liste non exhaustive )

  1.  1604 : Pierre et Jean LOMBARD
  2.  1707 : Pierre LOTTIN
  3.  1747 – 1759 Jean LOTTIN. Il est veuf de Geneviève FARSURE lorsqu’il arrive au moulin de Bourseville. Il est le fils de François LOTTIN meunier de Saucourt-Nibas et BLONDIN Marie. Avant Bourseville, il était au moulin de Franleu où est décédée son épouse.

A Bourseville, il épouse Madeleine LOUCHEL qui lui donnera deux filles. Elle décède à Bourseville le 15/1/1752, et est inhumée le lendemain à Woincourt.
La troisième épouse de Jean LOTTIN est Françoise PENEL fille de l’ancien meunier de Mons (Monsboubert) qui lui donnera 7 enfants.
Vers 1759, Jean LOTTIN part pour le moulin d’Escarbotin où il décèdera à l’âge de 69 ans.
Ses trois fils,

  • Alexis Isidore qui a épousé la fille du meunier de Martainneville,
  • Pierre,
  • et Jean François époux de la fille du meunier de Longroy,

seront également meuniers à escarbotin.
Pierre quittera le moulin d’Escarbotin pour celui de Fressenneville.