Les Seigneuries de Bourseville
Les seigneuries
Suite des articles de Jacques DULPHY « l’histoire de Bourseville », texte et dessins de Jacques DULPHY, photos Christian ROQUES.
L’ancienne maison seigneuriale de Bourseville était bâtie, jusqu’au début du XVI me siècle, sur l’emplacement actuel de l’église et du presbytaire.
« En 1550, dit M. Pringuez, Sieur de François de MONCHY était seigneur de Bourseville et Brutelles (règne d’Henri II), puis en 1663, Sieur Michel de Blondy ». J’ai trouvé dans le registre de 1745 un acte de baptême : « Le 3 Avril, est née et par moy desservant la cure, a été baptisée Marguerite Josèphe, fille de Messire Pierre Maud DELAGRENE, écuyer, seigneur de Martaigneville et de Dame Margueritte Josèphe CHEVRY, son épouse. Le parrain a été Messire Pierre Ignace DELAGRENE, chevalier de la Motte et la marraine Marie Josèphe BESSEL, Dame DELIGNERE, lesquels ont signé avec moy le présent acte, le dit jour et an ». LEROY curé.
Le fief de « la porte de Martaigneville » était un domaine avec 15 journaux d’enclos et 32 livres de cencives pour des terres à la charge des paysans du lieu mais appartenat toutefois au Comte de Ponthieu (XVI me au XVIII me siècle).
La seigneurie de Bourseville appartenait, en 1767, à M. le Marquis d’ESTRADE, seigneur honoraire et patron de l’église et aux religieux de Saint-Valery qui avaient plus de la moitié des habitations (qui leur rapportaient des impôts comme la dîme, les pots de vins, les champarts et le cens), impôts sur les terres et autres droits seigneuriaux.
Philippe PAUCHET racheta la seigneurie en 1778, mais celui-ci ne la posséda que deux ans. Elle passa ensuite au Sieur LEDOUX, dont j’ai retrouvé l’acte de décès : « En septembre 1779, est mort LEDOUX à l’âge de 66 ans, mousquetaire du roy, chevalier, seigneur de Martaigneville, annexe de Bourseville ». SALMON curé.
La fille du Sieur LEDOUX, Marie Anne Françoise Gabrielle, épouse Claude François Joseph BISSON de la ROQUE, le 26 Octobre 1784. selon l’acte de mariage signé de l’abbé PIEFFORT, curé de Bourseville, qui a donné la bénédiction nuptiale en l’église de la paroisse, à Claude François Joseph, âgé de 28 ans, fils de Messire Claude François Nicolas Bisson, écuyer lui aussi, seigneur de la ROQUE, et de feue dame Margueritte Geneviève LE MEUNIER, tous deux mariés à GAILLON, diocèse de ROUEN. Leur fils, Jules Gabriel, né le 3 Messidor an 11, épouse le 28 Août 1830 Blanche Marie HULOT.
De cette union naissent quatre enfants, dont Louis, qui prend pour épouse Mathilde DESMOUTIERS et a plusieurs enfants, dont Jules Alphonse Joseph BISSON de la ROQUE, né à Bourseville le 11 février 1870, qui se marie avec Marie Josephine VAN DEN HACKE et a une fille, Thérèse, épouse de BRUNVILLE, et, d’un second mariage avec Margueritte Marie BOREL DE BRETIZEL, une autre fille, Geneviève Marie Matilde, qui épouse Jean TIRARD dont l’un des six enfants, Jean Claude TIRARD, est l’actuel propriétaire du château.
Le nom des anciens seigneurs de Bourseville s’éteint avec le décès le 22 février 1946 de Jules Alphonse Joseph BISSON de la ROQUE.
Note du rédacteur de ces pages internet : En 2014, on trouve sur une des tombes de la famille BISSON de la ROQUE, dans le cimetière de Bourseville, l’inscription des noms de Fernand Bisson de la ROQUE – 30 juin 1885 – 1er mai 1958, et de Claude Bisson de la ROQUE – 1911 – 1979, qui seraient donc les derniers du nom.
Extrait du « Pays du Vimeu »
« – Le 26 mars 1610 Damoiselle Antoinette de la BERQUERIE, veuve de Nicolas TAQUET, écuyer, Seigneur du Hamel, demeurant au village de Martaigneville-sur-mer, paroisse Notre Dame de Bourseville, fait son testament et requiert sépulture dans l’église de Bourseville ».
Il faut souligner qu’à cette date de 1610, le roi Henri IV était roi de France; il devait d’ailleurs être assassiné le 14 mai de la même année par Ravaillac. Après cette mort, Louis XIII lui succédait.
Les privilèges et revenus
Les religieux de Saint-Valery possédaient plus de la moitié de la seigneurie de Bourseville, ces propriétés leur procuraient les cencives, les champarts, la dîme, sans compter les pots de vin (ce qu’on donne comme présent en sus du prix convenu pour une marchandise). Bien que ces moines fassent partie d’un ordre mendiant, ils étaient loin de vivre dans la misère et la prière. Je cite un paragraphe de Jean DELATTRE : « En 1789, la communauté de Béthancourt-sur-mer se plaignait de la dureté de cœur de « ses gros décimateurs » MM. de Saint-Valery, qui lors d’un incendie en cette localité, en 1783, n’avaient pas accordé secours à la quinzaine de ménages sinistrés ». L’abbé Caron cite : « L’abbé Jean II (1303 – 1340) fait l’acquisition de la Seignerie et de la Prévôté de Bourseville en 1314- » et Belleval cite dans son ouvrage : « Fiefs et Seigneurie » que la Seigneurie appartenait en totalité l’Abbaye, contrairement à Darsy dans « Bénéfices de l’église d’Amiens » qui prétend que l’Abbaye de Saint-Valery possédait la moitié de la Seigneurie de Bourseville (thèse pour laquelle je penche, car en 1703, l’autre moitié de la Seigneurie appartenait à M. Destrades, seigneur de l’église, alors que l’autre appartenait aux Religieux de Saint-Valery (Bourseville aujourd’hui doyenne d’Ault, faisait partie du doyenné de Saint-Valery).
Revenus affermés (revenus des propriétaires) de Bourseville.
– Ferme, plan de 4 journaux (le journal du Vimeu vaut exactement 40 ares 66 centiares); 31 journaux 2/4 de terre à la sole pour 800 livres, dîme de 8/ºº sur 576 journaux pour 1.437 livres 19 soles 1 denier.
– Champard (prélèvement sur le produit des terres appartenant aux religieux) de 8 o/°° des recettes sur 353 journaux et droit de don de 2 o/°° sur un journal pour 884 livres 10 sols 11 deniers; le tout à Charles Lartésien et Nicolas Dufrien, laboureurs demeurant à Bourseville et autres pour 2.251 livres 5 sols, plus un pot de vin de 377 livres à Jacques DENTIN, Philippe Douay, Pierre Victor, Adrien Boucher, Antoine Maupin et autres.
Je cite aussi entre autres exemples : « A Fressenneville, champard de 8 o/°° des récoltes sur 26 journaux pour 77 livres 4 sols 6 deniers à J.-B. Verteaut et S.-B. Cassin, laboureur; à Nibas : 20 journaux de terre à la sole, dîme, champard et don de pour 800 livres à Marie Delattre, à Jean Louis Pierre Joseph Rocque, laboureurs et 40 journaux de terre pour 1.067 livres 10 sols à J.B. et F. Tzenne, laboureurs ». (J’ai puisé cette documentation dans « la fin de l’Abbaye de Saint-Valery », de Jean Delattre).
L’abbé Caron rapporte que Charlemagne (alors empereur de l’Occident depuis 9 ans) fit des dons en 809 à l’Abbaye de Tilloy et communauté de Nibas et Bourseville (cela est contredit par Clovis Brunel).
Depuis le 4 Août 1789 (jour ou fut votée l’abolition des privilèges), l’abbaye de Saint-Valery est interdite à exiger la dîme et les droits seigneuriaux sur l’ensemble de ses seigneuries; l’abbaye, sans ressources, s’appauvrit.
La vente des biens ecclésiastiques de l’abbaye de Saint-Valery eut lieu le 21 avril 1791, au profit des municipalités qui les revendaient ensuite à des particuliers; et M. Alexis Wattebled se rendit acquéreur des biens situés à Bourseville, dont une ferme, 4 journaux de marne et 126 journaux de terre à labour pour la somme de 74.000 livres.
La livre valait en ce temps là 20 sols et 1 sol valait 12 deniers; en 1803, la livre devint le franc germinal; le louis d’or valait 10 francs, puis le Napoléon or valait 20 francs.
La suite : les propriétés des Seigneurs de Bourseville