L’église de Bourseville
Suite des articles de Jacques DULPHY « l’histoire de Bourseville », texte et dessins de Jacques DULPHY, photos Christian ROQUES.
Extrait du livre (le pays du Vimeu) de O.Maqueron -Bibliothèque d’Abbeville »- Eglise notre Dame des Anges (début du XVI siècle).
Elle est en forme de croix latine, mais les croisillons s’appliquent au milieu du cœur et ne forment pas un véritable transept. Une tour de pierre s’élève en avant-corps, outre les contreforts des angles, il y en a au milieu de chacune des faces Nord et Sud. L’église n’est pas voûtée. La nef est sans caractère, le cœur terminé par un chevet à trois pans est éclairé par des fenêtres en tiers points de dimensions moyennes. Il y a une verrière absidale (à l’extrémité de l’église, opposée à l’entrée principale).
Le croisillon Nord est la partie la plus intéressante de l’église de Bourseville. La charpente apparente est richement sculptée et décorée. Les sablières forment deux corps où l’on voit des monstres, des porcs mangeant des glands, des oiseaux dans les vignes avec l’inscription ainsi lue en gothique : « L’an mil VC XXIX FUT CE COMBLE FAIT TOUT NEUF ». Soit l’an mille cinq cent vingt neuf fut ce comble fait tout neuf. Les six blochets représentent un saint martyre, Saint-Jean Baptiste, Saint Jacques, Saint Marc, Saint Paul et un écusson où sont peintes des armoiries.
On ne connait que trois familles qui aient porté un chevron non accompagné : ce sont les Domqeur. Ils n’ont jamais possédé les territoires de Bourseville.
Dans cette chapelle du croisillon Nord, l’autel, haut de 90 cm, est orné d’un pélican, symbole de Christ donnant sa vie pour l’humanité, car autrefois la légende contait que le pélican se donnait en nourriture à ses poussins en cas de famine ! Les anciens appelaient cet autel l’autel de Sainte-Croix; une grande cérémonie réunissait le 3 mai de chaque année, parents et petits enfants, qui venaient en pèlerinage pour que ces derniers marchent dans l’année. Le prêtre donnait à baiser le symbole d’une petite parcelle de la croix et imposait les mains sur le front des bambins. C’était la fête de « Sainte-Croix à piots ». Le dimanche suivant « Sainte -Crouen à grans ». Le plafond de ce croisillon est bleuté et orné de petites étoiles dorées.
Le croisillon sud (à la droite du chœur) contient un autel dédié à la vierge, surmonté d’un retable avec Notre-Dame de Lourdes, de chaque coté de cet autel deux statues Sainte Anne avec sa fille Marie enfant et Saint-Joachim. Un confessionnal complète ce croisillon, qui, vu la nouveauté de ses éléments est sans valeur historique.
Dans le transept, une grande croix de fer avec Marie et Jean et le maitre autel construit par l’abbé Morel, desservant la paroisse; de vieilles vis de pressoirs, ont remplacé les bancs.
Les Vitraux
L’abside est ornée de vitraux représentant l’assomption puis Marie et Joseph surmontés d’une colombe, et l’autre le bain d’un nouveau né.
Dans la nef, deux vitraux sont très beaux et représentent la nativité et la Sainte-Famille. Ces différents vitraux proviennent des dons de prêtres ou de paroissiens.
Ces dernières années l’église était remarquable de beauté. Des statues de 1,50m représentant Sainte-Jeanne d’Arc et l’archange Saint-Michel ornaient l’entrée du Chœur. de chaque coté du grand autel, deux statues de 1,40m de Marie et Joseph étaient exposés sur de belles tentures de velours vert.
Les quatorze tableaux en relief et en couleur du chemin de Croix décorait les murs de la nef ; malheureusement un prêtre a mis tout cela au rancart ou supprimés et sont difficiles à retrouver. Seules quatre vieilles statues de bois polychromé sont restées et représentent Saint ROCH et son chien, Saint Nicolas et le saloir de la légende, Saint-Eloi avec son enclume et Saint-Antoine de Padoue qui ont été offertes par des paroissiens.
Les fonds baptismaux
A la place du maître-autel, on a installé les fonds baptismaux,d’époque Renaissance de pierre jaune peinte en blanc,classés le 25 mai 1907, comprenant une lèse, un fût où, sur les huit pans, sont sculptées des figures en relief représentant la famille seigneuriale de l’époque, puis un bassin octogone, sur les bords duquel on peut lire, en vieux latin, l’inscription suivante : « Sordes abluo gratiam procuro demones pello cœlum promito », qui se traduit par « que cette eau te lave de tes fautes, qu’elle te procure la grâce, qu’elle chasse les démons et te donne le ciel promis ».
L’ancienneté de ces fonds et leur forme massive est admirable.
Les cloches
(extraits du livre « Le Pays Vimeu »).
La tour de l’église contient trois grosses cloches; les deux plus petites sont datées de 1861 et signées Drouot Frères;
La plus grosse porte l’inscription suivante , chaque ligne débutant par une fleur de lys : « L’an 1818, j’ai été bénite par Monsieur le Curé desservant la commune de Bourseville. J’ai pour parrain Claude Honoré DERAMBURE, de Vaudricourt et pour marraine Demoiselle Marie BISSON de la ROQUE, née LEDOUX-MENIL ».
Au bas, la signature très encrassée qui est DORMOIS, fondeur; il était fondeur à EU et il a fondu les cloches de l’église Saint-Sépulcre, à Abbeville, en 1819. Fin de citation.
Dans le livre « Le Pays du Vimeu » l’auteur ne cite pas les inscriptions gravées sur les deux plus petites cloches qui datent de 1861 et fondues par Drouot Frères, faubourg N8D. Douay (Nord).
La première porte : « j’ai été nommée Marie-Mathilde; j’ai eu pour parrain Monsieur Louis Auguste BISSON de la ROQUE et pour Marraine Mathilde Félicité Henriette Desmoutier, son épouse ». Donc les mêmes parrain et marraine, mais celle-ci est ornée d’une vierge et d’un Christ.
Sur les deux cloches une même inscription aussi : « MM. Irénée Dieu, curé; Armand Boutté maire; Nicolas Flament, Aimable Douay, François Machet, Anthime Dentin, Pierre Farsure, membres du Conseil de Fabrique 1861 ».
La fabrication et la bénédiction des cloches actuelles me paraissant relativement récentes, j’ai cherché si on trouvait trace des précédentes; j’ai découvert dans un registre d’état civil datant de 1767 :
« Le quatorze juin de la présente année mil sept cent soixante sept, nous fabricants pourvu de délibération et authorisés à cet effet, avons fondu vos cloches. Nous avons fait la bénédiction des dittes cloches. La grosse cloche a été nommée – Marie-Louise – par Monsieur le Marquis d’Estrade et Madame la Marquise d’Estrade, Seigneur honoraire et patron de cette église et au dit lieu. Les seigneurs ont été représentés par le sieur Joseph DELATTRE, receveur et par Madame Albertine SOLY, authorisées à cet effet ».
« La seconde a été nommée (omission du curé ! ) par Monsieur le Comte DERNEMONT, Seigneur de Martaigneville et autres lieux et par Madame son épouse, lesquels seigneurs ont été représentés par CAYREUL Pierre, POISSONIER et Geneviève BIQUET ».
« La troisième a été nommée – Marie-Françoise – par Monsieur LECLERCQ AVORAL, Président du grenier à Sel d’Ault et par Marie-Thérèse ROUSSEL, lesquels ont signés avec nous le présent acte le dit jour et an ».
Suivent les signatures.
— Cet acte a été écrit sous le règne de Louis XV, avec comme premier ministre, le Duc de CHOISEUL — .
Le carillon électrique
Il comprend 6 cloches : DO – Ré– Mi – FA – FA – Si, et sont signées : Fonderie PACCARD Annecy.
Sous le porche se trouve l’appareil de mise en route, interrupteur et clavier.
Sous le porche, un grand Christ, souvenir d’une mission en 1949 avec la devise : « Souviens-toi, sois fidèle ». Une plaque rappelle que le carillon et l’horloge de cette église ont été offert par Madame DEVILLERS, née Hélène TURPIN; l’inauguration a eu lieu le 29 septembre 1957.
Anciens mécanismes d’horlogerie de l’église de Bourseville
L’église de Bourseville a été bâtie ainsi que le Presbytère, sur l’emplacement de l’ancienne maison seigneuriale.
Le terrain a été offert par la comtesse de Turenne, marquise d’Estrades, fille du Gouverneur de bordeaux et par Gabrielle-Pauline Darchy du Caïla, épouse de Messire Marie Joseph de Turenne, comte de Turenne, chevalier, marquis de Aynac et de Montmiral.
La toiture de la nef a été refaite à neuf dernièrement, un très beau coq réinstallé le 26 Janvier 1973.
La chapelle de Martaigneville
Je cite dans « Le pays du Vimeu » par Philippe des Forts et Roger Radières : « Le Pouillé de 1689 nous dit qu’il y a une chapelle sous l’invocation de Saint-Nicolas; Le revenu est de 6 livres… Elle est chargée de 12 messes par an, certainement une par mois. Il y a aussi une chapelle castrale dans Martaigneville-sur-Mer, hameau dépendant de Bourseville, fort bien bâtie et ornée, dotée de 150 livres ». Fin de citation.
Le prêtre de Bourseville était généralement chapelain de Martaigneville. Les demoiselles et dames de Bourseville (sans oublier le Seigneur du lieu) sont patronnes; elles avaient le privilège, à la fête du 2 février, de choisir dans tous les cierges qui avaient été portés à l’autel en offrande, ceux qui pouvaient tenir entre le pouce et l’index de leur main.
Le Seigneur du lieu avait droit à la procession, d’un passage « à porter une manne à deux », ce qui faisait une largeur d’environ deux mètres.
Quand le mobilier de cette chapelle revint dans l’église de Bourseville (dans le croisillon nord), le 3 février 1665, le curé de Bourseville et chapelain de Martaigneville était Adrien Frestre, décédé le 6 mai 1694 et inhumé dans le cœur de l’église.
J’ai entendu dire qu’un évêque et deux chevaliers en armure devaient être enterrés dans le petit cimetière qui entourait la chapelle.
Prêtres et desservants
J’ai trouvé à la Bibliothèque d’Abbeville des noms de prêtres – curés de Bourseville : « Nicolas MAUPIN, prédécesseur de Charles DAMYENS (collation à Charles DAMYENS de la cure de Notre Dame de Bourseville, vacante par le décès de Maître Nicolas MAUPIN, le 13 Août 1597); Jean MAUPIN, curé de 1598 à 1646; puis Adrien FRESTE, qui prend sa succession l’année 1646 en juin ».
J’ai retrouvé la suite dans les premiers registres d’état-civil, datant de 1654. Ainsi, de 1646 à 1694, Adrien FRESTE a été curé de Bourseville, où l’on trouve son acte de décès : « Le sixième jour du mois de may mil six cent quatre vingt quatorze, est décédé Monsieur Adrien FRESTE, curé de Bourseville, âgé d’environ quatre-vingts ans et a esté inhumé par Nous soussigné, curé de Franleux, doyen de Saint-Valery, dans le cœur de l’église de la ditte paroisse de Bourseville le sept du dit mois ».
1694 à 17.., Jean TESTAR est curé, il manque le registre d’état civil de 1722 à 1741. 1742 à 1746, LEROY, curé. Dans un chapitre du registre d’état civil de 1746, on peut lire : « L’année mil sept cent quarante six, n’a jamais été remplie à cause de la mort de Messieurs LEROY, desservant et VATBLE, vicaire ». La commune fut alors longtemps sans desservant et sans vicaire.
1746 à 1748, François; 1748 à 1770, Jean-Baptiste ROUSSEL, dont on retrouve l’acte de décès en 1770 : « Le 22 de Juin est décédé au presbitaire Maître Jean-Baptiste Roussel, curé de cette paroisse, âgé d’environ cinquante ans et le lendemain a été inhumé par moy soussigné, doyen de Saint-Wallery ».
1771 à 1781, Jean – Charles SALMON et l’acte de décès : « Maître Jean-Charles SALMON, prêtre de cette paroisse, est décèdé le vingt trois septembre mil sept cent quatre vingt un et le lendemain son corps a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse par Nous, curé de Saint-Wallery ».
1782 à 1791, PIEFFORT, curé de Bourseville.
1791 à … ? DEVISME. Les états civils n’étant pas rédigés par le curé local, la liste s’arrête là.
J’ai rattrapé celle-ci au presbytaire d’Escarbotin : « Aux environs de 1818, DELATTRE; avant 1877, l’abbé DIEU; de 1877 à 1890, l’abbé ROUSSELLE, puis de 1890 à 1918, l’abbé Denis Abel LECOINTE, décédé le 21 Avril 1918, à l’âge de 79 ans et inhumé à l’entrée de l’église; de 1918 à 1927, l’abbé Alphonse Aubert; ensuite l’abbé Louis BL2RIOT et en 1940 Alfred CARON, mort en déportation.
Après cette date, le presbytère n’a plus été occupé et la paroisse n’a que des vicaires desservants, d’abord l’abbé André BAISEZ, en 1947, Jacques BANIDES; en 1950 Yves MOREL; en 1956, Cornélius KOPPES; en 1958, Pierre FICHEUX; en 1963, Jean-Claude GOURNAY; en 1965, René FROMONT et René GNIEWEK; en 1970, Joseph SOBIECKAI et actuellement (1973 à ..?), Jean HERBET.
La suite : Martaigneville-sur-mer